Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/108

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

vous avilissez nos femmes et nos filles ; vous abandonnez les enfants dont vous les rendez mères ; et vous riez à toutes nos plaintes, à toutes nos indignations ? xMais ne méritez-vous donc pas que la vengeance céleste vous atteigne, et que quelque père outragé vienne vous demander compte de vos crimes ? » Oui, je sais qu’il y a des imprécations de cette force dans les Poésies sociales, et je n’en vois pas trop l’immoralité, je l’avoue à ma honte, bien que je n’approuve en aucun cas la loi du sang et la peine du talion. Mais depuis quand donc la poésie a-t-elle perdu le droit de forcer un peu l’expression des sentiments énergiques ? Depuis quand la sûreté publique exige-t-elle qu’on mette un traité de résignation dans la bouche d’un pauvre dont un riche avait rendu la fille infanticide ? Ne dites donc pas que ces cris et ces plaintes contre le désordre social auquel votre ordre conservateur nous livre, sont une atteinte à la touchante union qui régnerait entre les classes de la société, si celles qui souffrent voulaient bien se taire. C’est le gouvernement qui provoque chaque jour, à toute heure, par ses mesures de police, par les réquisitoires de ses accusateurs publics, avocats généraux et journalistes, les différentes classes de la société à une lutte barbare, c’est lui qui est coupable du délit d’excitation à la haine, et non ces poëtes d’atelier qui, certes, font moins de bruit et de mal que les actes de violence émanés du pouvoir.

M. A. — Mon cher ami, si vous vous emportez, je ne discute plus. Nous voici loin du sujet qui nous occupait d’abord.

M. Z. — Je crois que nous y sommes en plein, au contraire. Vous ne voulez pas qu’on publie de la poésie