Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/139

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festons de vigne en fait tout l’ornement.) Une notice fort bien faite, par M. Ferdinand Denis, ouvre le volume ; et une jolie Épître en vers adressée à la mémoire de maître Adam par Rouget, le tailleur poëte de Nevers, le termine et en complète l’illustration.

— Il me semble, dit M. A. à son adversaire et ami M. Z., que maître Adam, célèbre il y a deux cents ans, dérange un peu votre théorie d’une éruption merveilleuse du génie poétique chez les ouvriers d’aujourd’hui. Moi qui chéris le vieux proverbe : « Il n’y a rien de nouveau sous le soleil, » je tiens peut-être ici une preuve de mon sentiment. Je dis peut-être, parce que j’ignore absolument, je vous le confesse, si la réputation de maître Adam n’est point usurpée. Je ne connais de lui qu’une chanson médiocre, encore n’est-elle pas authentique[1].

M. Z. — Croyez-vous que mon intention ait jamais été de vous prouver que le génie n’était pas le partage du peuple avant le temps où nous vivons ? Ne sais-je pas aussi bien que vous, aussi bien que tout le monde, quels furent l’obscure origine et les humbles commencements de tous nos grands artistes du temps passé ? Les artistes à Rome, même les artistes grecs, n’étaient que des artisans. Dans le moyen-âge, avant l’époque de la renaissance, même prodige du bon Dieu ! Les grands sculpteurs, dont les chefs-d’œuvre

  1. C’est l’ode bachique : Aussitôt que la lumière. On Ta arrangée, c’est-à-dire dérangée, pour l’ajuster sur un air connu. Dans l’original, cette ode, réellement belle de couleur et de mouvement, est composée de stances de deux mesures différentes. Dans la nouvelle édition de Nevers, on l’a mise en regard de la fausse version, ainsi que d’une traduction fort piquante en patois du Morvand.