Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/166

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L’avenir des enfants, le soucy du ménage,
La crainte de jeûner sur la fin de mon âge,
Ont tant d’autorité sur ma condition.
Que mon âme n’a plus aucune ambition
Qu’à borner seulement mes désirs de l’envie
De vivre en menuisier le reste de ma vie.
Suivant du rossignol limage et les leçons,
L’abord de mes petits a finy mes chansons.
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Je n’aime à voir le sang qu’en la couleur des roses ;
Et le chant d’un vieux coq à la pointe du jour
Me plaist mille fois mieux que le bruit d’un tambour.
Le souffle d’un zéphir, le frais d’une fontaine,
L’émail dont la nature enrichit une plaine,
Le silence troublé par le bruit d’un ruisseau.
Un rocher qui répond au babil d’un oiseau, etc.

Accordez-moi donc, mon cher A., ou que notre grand Voltire n’a pas lu avec assez d’attention, ou bien qu’il n’a pas su faire, dans son esprit malin et brusque, la synthèse de la vie intellectuelle d’un pauvre poëte du dix-septième siècle. Il est bien facile de condamner un innocent les pièces en main : phrase par phrase, page par page, rien ne supporte la critique rapide et l’interprétation cruelle. Mais l’ensemble d’une œuvre, comme l’ensemble d’une vie, a un sens tout autre, et sur lequel il faut porter un regard plus étendu et plus profond. Permettez-moi de vous chercher à la fin de ce volume un sonnet dont j’ai souvenance, et qui n’est de rien moins que du grand Corneille, lequel se connaissait, je pense, en poésie encore mieux que M. de Voltaire. C’est un assez bon passe-port pour maître Adam auprès de la postérité :

Le Dieu de Pythagore et sa Métempsychose,
Jetant l’âme d’Orphée en un poëte françois,