Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/255

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tices. Après avoir prêché, j’ai expérimenté. J’ai beaucoup perdu pour arriver à des résultats nuls, mais je n’en persiste pas moins à rêver et à demander l’association, et j’ai la certitude qu’elle prospèrera tôt ou tard. Plus que jamais je veux rester ouvrier. Si j’avais dix fois plus de talent et de ressources que je n’en ai, je persisterais, je tiendrais d’autant plus à mon idée, afin de prouver à tous les vaniteux égoïstes que le travail doit être sanctifié, qu’il élève et rend indépendants ceux qui l’aiment, et qu’il n’est incompatible avec aucune des positions de notre société actuelle. »

Voilà pourtant l’homme que l’esprit de parti et l’aveuglement populaire ont qualifié de factieux et d’anarchiste, et traité comme tel, dans ces derniers temps.

Après la révolution de février, Gilland, dont la moralité et le caractère étaient connus, reçut la mission délicate d’apporter des paroles de conciliation au sein des populations de Buzançais, chez lesquelles le récent événement de la République avait remué de tristes et sanglants souvenirs. Grâce à l’influence salutaire qu’il sut exercer, de nouveaux malheurs furent évités, et lorsque les esprits, éclairés par de sages conseils, furent calmés, Gilland revint à Paris plus pauvre encore qu’il n’en était parti.

Porté à la candidature pour la députation dans le département de Seine-et-Marne, il échoua avec plus de vingt mille voix. Il avait été sur le point d’en réunir un plus grand nombre encore, mais là, comme partout, à la veille du scrutin, la réaction répandit soudain les bruits les plus absurdes, les calomnies les plus odieuses : Gilland était un buveur de sang, un