Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/257

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relâché le lendemain. Mais il n’en fut point ainsi. La réaction qui sait si bien exploiter les événements, ne lâcha point la proie qui lui tombait sous la main, et Gilland dut s’estimer heureux d’être gardé cinq mois en prison sans savoir pourquoi, et de ne pas être transporté sans jugement. Il supporta cette épreuve avec une angélique résignation et enfin il passa devant le conseil de guerre qui le renvoya acquitté. Mais quel dédommagement nos lois donnent-elles à l’innocent qui a subi les rigueurs de l’arrestation préventive ? Un pauvre ouvrier est arraché à sa famille, à son travail, sa femme reste sans protection, ses enfants peuvent mourir de faim. Au bout d’une demi-année de captivité, où souvent la santé s’est perdue, on le met sur le pavé en lui disant : « Allez en paix. On s’était trompé. »

Gilland a occupé les tristes loisirs de sa prison à revoir et à compléter une série de contes populaires qu’il publie aujourd’hui dans le même but d’instruire et de moraliser le peuple, qui a dirigé toute sa vie : écrits naïfs et touchants où se reflètent la clarté de son intelligence, la poésie de ses instincts et la beauté de son âme. Lisez-les, vous qui aimez, priez et souffrez. Vous y trouverez de bons conseils, des consolations fraternelles, et l’amour de l’humanité.

Nohant, février 1849.