Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/272

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Ma lettre impatiente a dévoré la route,
Ainsi que l’eussent fait et mon cœur et mes pieds !
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Vos doigts crispés l’ont mise en lambeaux sans la lire :
C’est moi, moi tout entier qu’ainsi vous déchiriez.
Puis, votre cœur injuste, hélas ! jusqu’au délire,
M’a maudit !… Qui m’eût dit que vous me maudiriez !


Maudissez-moi toujours, je vous ai trop aimée.
Et mes pleurs en font foi ! Vous m’en punissez bien :
Mais toute la rigueur dont vous êtes armée
Prouvera votre tort encor plus que le mien.


Vous le voulez ! adieu ! vous n’avez plus d’amant.
Hélas ! c’est donc bien doux de trahir un serment ?
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· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Si quelque amour nouveau vers d’autres bras m’entraîne,
Je veux qu’on puisse dire, en voyant cette chaîne :
Ce cœur, qu’on croyait libre, appartient à quelqu’un !


· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Arrière, arrière, amour, désir inassouvi,
Songe-creux dévorant, bulle qu’un souffle crève.
Mon cœur, que tu brisas, t’oublie enfin · · · · · · · ·
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·


Qu’as-tu donc fait pour être ainsi repoussé d’elle,
       Ô mon naïf et noble amour ?
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·


Il n’est plus de retour possible vers cette ange !
        Du haut de mon rêve enchanté,
Je suis tombé mourant dans les pleurs et la fange.
Mais Dieu, que j’oubliais, m’en retire et m’en venge.
Elle a brisé mon cœur : il brise sa beauté.