Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/281

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Voilà pourquoi ce vaste monde de petites merveilles est fermé à la plupart des personnes qui en goûteraient volontiers l’amusement et l’intérêt, et qui s’étonnent naïvement, quand on leur montre une cinquantaine de sujets dans un cadre, en leur disant que ce n’est peut-être pas la cent-millième partie de ceux qu’elles n’ont jamais vus, bien qu’ils vivent dans l’air qu’elles respirent à toute heure.

Tout le monde connaît une vingtaine de types, les plus apparents, les plus répandus aux heures du jour où Ton se promène. On apprend aux enfants à les connaître sous leurs noms vulgaires, car on se souvient vaguement d’avoir été initié de même, et on pense que cela suffit à quiconque ne se destine pas aux études naturelles.

Eh bien ! cela ne suffit pas. Sans devenir ni chasseur, ni préparateur, ni collectionneur de papillons, il serait bon d’avoir une notion générale et précise de cette branche de l’histoire naturelle, comme on l’a des animaux, plus apparents dans la création, comme on devrait l’avoir de toutes les classes d’êtres qui composent la faune environnante.

Un ouvrage qui, sans prétendre à révéler des secrets nouveaux, ni même à établir une méthode nouvelle, tend, sous forme facile et enjouée, à initier tout le monde à toute l’existence d’un genre, peut donc avoir son utilité, comme il a son intérêt très-réel pour les amants de la nature, qu’ils le soient au point de vue de l’observation, de l’art ou de la poésie.

Mais à quoi bon, disent certains poètes, savoir tous ces noms barbares, qui dépoétisent la nature et qui mettent l’observation, chose froide et têtue, à la place de la contemplation, chose vive et mobile ?