Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/286

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tu ne me diras pas, mon cher enfant, c’est le pourquoi de cette ostentation d’ornements cliez des êtres dont l’utilité ne nous est pas encore bien démontrée, puisque plus d’une espèce, parmi ces infiniments petits, est même très-nuisible à l’emménagement de l’homme sur la planète. L’homme veut faire des provisions, la mite et la teigne en font leur profit. L’homme ne peut atteindre ces misérables ennemis qui le dépouillent ; et quand, armé du microscope, il en saisit quelques-uns, le voilà forcé de s’extasier sur l’armure de parade de ces ravageurs liliputiens. Si la mite de nos armoires et l’alucite de nos blés n’ont pas été créés, comme il semble bien, pour le plus grand avantage de nos denrées, la nature proteste donc contre le roi de la création, et, rieuse et fantasque jetant à pleines mains sur ces nuisibles micros l’or et les pierreries, elle s’est donc plu à leur dire : « Vous serez beaux, bien faits, admirablement organisés et habillés, par-dessus le marché, des tissus les plus précieux ! Cela sera parce que tel est mon caprice de vous élever, par le vol et par la beauté, au-dessus du bipède sans ailes, sans plumes et sans écailles, qui prétend avoir accaparé mes prédilections et mes faveurs.

N’allons pas plus loin, nous n’en sortirons pas, nous qui adorons quand même une providence et contentons-nous de dire que le beau est un mystère dont la raison d’être échappe à toute investigation. C’est évidemment quelque chose de tout-puissant et de sacré, et l’homme, le roi des destructeurs au bout du compte, ne peut empêcher l’éternelle reproduction de cet élément superflu, mais probablement nécessaire, de l’équilibre universel.

Encore, si nous pouvions savoir comment se pro-