Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/381

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d’abdication de la gloire de l’initiative dévolue comme un droit, comme un devoir peut-être dans certaines situations, cette appréciation réfléchie du rôle de l’expérience dans la marche du progrès nous apparaît comme une protestation contre toute imitation de la manière de César, puisque, bien loin d’attendre le vœu de l’opinion publique. César s’évertua, il s’ingénia, il s’acharna à l’émouvoir et à la provoquer afin de s’en rendre le maître souverain et de substituer sa volonté à celle de Rome. Il y a loin de ce rôle fiévreux et personnel à la mission de patience et de désintéressement que la parole citée plus haut semble tracer à l’ambition humaine.

Nous pensons donc que, dans les volumes qui suivront nous trouverons, une critique raisonnée des témérités plus ou moins légitimes de César, car l’impartialité de l’historien n’exige pas qu’il accepte comme bons et justes tous les faits accomplis. Ce serait le fatalisme dans l’histoire, et telle ne peut être la doctrine d’un esprit sérieux et méditatif.

Comme nous ne pouvons juger que le premier volume, nous sommes forcé de dire que l’absence de cette critique nous a rendu plus sévère pour César que nous ne l’eussions été si, en avouant davantage les fautes de son héros, l’historien nous l’eût montré aux prises avec les terribles entraînements de son milieu social et politique. Obligé de compter avec les obstacles que ses meilleurs desseins rencontraient chez les autres, César en rencontra d’aussi grands en lui-même. Il y trouva ses propres idées, résultat d’une époque sans principes, ses propres attaches au passé qui devaient paralyser ses aspirations vers l’avenir, sa pro-