Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/403

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bant ses longs cheveux qu’elle a coupés et réunis en une seule tresse. Elle va se cacher dans la grotte d’Our et roule un rocher à l’entrée. Là elle ralluma le feu, monta sur une pierre, passa la tête dans le nœud coulant formé par la tresse, « et, ayant appelé trois fois Hanaïd, elle s’élança dans le vide. Un instant le bout de ses pieds agiles effleura le sable comme si elle eût voulu fuir devant la mort ; mais bientôt ils pendirent immobiles et glacés. Le feu de genévrier pétilla une dernière fois et s’éteignit.

« Tout rentra dans l’ombre et le silence.

» Elle avait vingt ans et avait reçu le jour dans cet antre. »

Qu’était-ce donc qu’Ized ?

Une descendante de l’antique race androgyne issue des anges, persécutée par les hommes et qui passait pour disparue.

Cette figure, celle de la gorgone, celle de Mouza l’avaleuse de gemmes et plusieurs autres non moins étranges semblent nous faire assister à une époque de crise où l’humanité veut en vain se dégager du cycle antérieur des créations divines devenues impossibles et monstrueuses. L’Atlantide est encore le refuge des fantômes que rêve, ébauche, lance et abandonne au destin la force créatrice exubérante, goules, hermaphrodites, géants, peuples lithophages, plantes colossales, animaux indomptables, constructions extravagantes, ouvrages délirants de l’homme et de la nature, c’est un monde où le grotesque et l’horrible étreignent sans solution possible le beau et le vrai. Il faut que ce monde mixte entre le ciel et l’enfer finisse sans retour on en éprouve le besoin. Il faut que l’androgyne, ange ou bête, se donne la mort, que