Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/426

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ties dites sacrifiées, concentrant les effets de lumière, mettant ainsi en relief ce qu’il juge avoir l’importance principale. Ce procédé très-connu et très répandu doit-il être arbitraire ? Nous ne le pensons pas ; du moins devant un tableau conçu autrement et magistralement réussi, il est permis d’en douter.

Et puis, nous l’avons déjà dit ailleurs, et nous croyons ne pas devoir changer d’avis, le roman étant une conquête nouvelle de l’esprit, doit rester une conquête libre. Il perdrait sa raison d’être le jour où il ne suivrait pas le mouvement des époques qu’il est destiné à peindre ou à exprimer. Il doit se transformer sans cesse, forme et couleur. On en a fini avec les données classiques absolues ; le roman y a contribué autant que le théâtre ; il est le terrain neutre et indépendant par excellence.

Plus nous avançons dans l’histoire dont nous sommes les éléments vivants, plus la diversité de vues, qui n’est autre chose que la liberté de conscience, veut être et se manifester.

Ce n’est donc pas au nom des théories rigides qui ont si longtemps tyrannisé la littérature qu’on peut avec équité et avec lumière juger les maîtres nouveaux. Vieux écoliers, je n’aime pas les pédagogues. Avant de comparer un ouvrage d’art à ceux qui ont pris place dans les panthéons, je me rappelle que les panthéons ne se sont jamais ouverts qu’à regret aux novateurs, et après des luttes obstinées. Je vois que les chefs-d’œuvre ne se ressemblent pas, et que quand on a dit avec emphase : le procède des maitres, on a dit une chose vide de sens. Chaque maître, digne de ce titre, a eu son procédé. Toutes les manifestations du beau et du vrai ont été bouleversées par le temps et