Page:Sand - Theatre complet 2.djvu/120

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leule est discrète, laborieuse, alerte, adroite de ses mains, surtout… oh ! adroite…

On entend un bruit de vaisselle brisée. Le docteur bondit : Marinette est consternée.
LE DOCTEUR.

Merci de moi ! vous l’entendez !… Allons, voilà ma vaisselle en éclats, ma maison en déroute, ma bile en mouvement ! C’est intolérable, cela, Marinette, et je vais.

LÉANDRE, l’arrêtant.

Docteur, ne commettez pas l’énormité de la réprimander, si vous ne voulez tomber dans ma disgrâce.

LE DOCTEUR, en colère.

Ah ! voilà, morbleu ! une disgrâce dont je serai fort affecté ! Laissez-moi tranquille. (il repousse Léandre et Marinette, qui le retiennent, et va vers la maison, la canne à la main.) Je veux assommer cette casseuse de vaisselle !




Scène IX


Les MÊMES, PÉDROLINO, sortant de la maison ; VIOLETTE, venant derrière lui.
PÉDROLINO, d’un ton dolent.

C’est moi, monsieur mon maître, c’est moi qu’il faut battre, c’est moi qu’il faut tuer, si ça vous fait plaisir.

LE DOCTEUR.

Ah ! c’est toi, pendard ! qui te permets de toucher à mes meubles malgré ma défense ?… Eh bien, je te chasse.

VIOLETTE, qui s’avance, portant dans chaque main la moitié d’un saladier.

Non, ce n’est pas lui ; c’est moi, monsieur le docteur. Il ment pour m’excuser ; mais je suis l’auteur de ce malheur-là.

LE DOCTEUR.

C’est vous, butorde !… Ah ! j’en étais bien sûr que vous étiez une but… (il la regarde, et s’arrête comme frappé de son air doux