Page:Sand - Theatre complet 2.djvu/150

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LE NOTAIRE bat la mesure et chante son couplet.

    Dans vos traits la simplicité,
Abat-jour de la majesté,
Annonce la vertu champêtre.
Soyez bergère en nos cantons,
Mais, en nous prenant pour moutons,
Ne nous envoyez jamais paître.

COLOMBINE, en même temps, dit au docteur avec volubilité.

Il s’agit d’un pendard, monsieur, qui m’a signé une promesse de mariage… J’étais innocente comme l’enfant qui vient de naître, monsieur ; et j’ai donné dans le panneau, monsieur ; mais, en même temps qu’il s’engageait avec moi, le traître, monsieur, donnait même signature à deux péronnelles… qui aujourd’hui se présentent concurremment avec moi pour obtenir sentence exécutoire du jugement, à seules fins qu’il ait à nous épouser toutes les trois dans la huitaine, ou à être pendu…

LE DOCTEUR, criant à tue-tête.

Votre langue le fût-elle en battant de cloche ! Ce serait bien là son office !… Mort de ma vie ! ces gens ont juré de me rendre sourd, et je vois bien qu’il n’y a pas moyen de s’entendre ici.

Il s’enfuit en se bouchant les oreilles, après avoir arraché les papiers des mains du notaire, qui n’y prend pas garde.
LE NOTAIRE, qui a écoulé la ritournelle de Pascariel.

Oui, le trait en sera goûté ! Que vous en semble ? (il se retourne. Ne voyant pas le docteur.) Eh bien, il n’est plus là, ce diable d’homme ? Ne peut-on l’entretenir sérieusement sans qu’il vous échappe ? J’ai cru remarquer qu’il était fort distrait.

COLOMBINE.

Je vous le donne pour un lunatique de la pire espèce.

LE NOTAIRE.

Par où a-t-il passé ?

PASCARIEL, lui montrant le côté opposé à celui qu’a pris le docteur.

Par cette allée de sycomores.