Page:Sand - Theatre complet 2.djvu/187

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VIOLETTE, laissant tomber son ouvrage sur ses genoux.

C’est pourtant ce qu’il y a de mieux pour chasser l’ennui que de tricoter… Eh bien, je n’ai le cœur à rien, pas même à ça. (Apercevant Pédrolino.) Ah ! mon Dieu, le v’là !




Scène VI


Les Mêmes, PÉDROLINO, puis LE DOCTEUR.


Pédrolino, chargé de deux énormes arrosoirs, arrose les fleurs au fond du

théâtre, puis, distrait, arrose la base des colonnes, entre sous le péristyle

et vient jusqu’à Violette, qu’il est au moment d’arroser aussi.
VIOLETTE, pendant cette pantomime.

Il n’est point parti !… Mais il ne pense guère à moi, puisqu’il travaille de si bon cœur !… Eh bien, qu’est-ce qu’il fait donc ?

Elle se lève. — Pédrolino s’arrête, tressaille, puis il pose ses arrosoirs, colle son chapeau sous son bras et reste droit et immobile.
VIOLETTE, avec une indifférence affectée.

Bonjour !… Qu’est-ce que vous faites donc là ?

Pédrolino reprend ses arrosoirs et veut se sauver.
VIOLETTE.

Vous ne répondez donc plus quand on vous parle ?

PÉDROLINO, brusquement.

Je ne parle pas quand je travaille.

VIOLETTE.

Qui est-ce qui vous commande de travailler ?

PÉDROLINO.

C’est moi.

VIOLETTE.

Et pour qui ?

PÉDROLINO.

Pour vous.

VIOLETTE, à part, douloureusement.

Vous !… Il est fâché !… (Haut.) Vous voulez donc être mon