Page:Sand - Theatre complet 2.djvu/191

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monde, je vous trahirais aussi fidèlement qu’un autre… Adieu, mamselle, je m’en vas travailler pour le restant de mes jours, à seule fin, si j’ai été un galopin d’amoureux, de vous être à tout le moins une bonne bête de domestique.

LE DOCTEUR.

C’est à n’y rien comprendre !… Tu avoues donc… ?

PÉDROLINO.

J’avoue tout ce que vous voudrez !… Vous êtes une crème d’homme, et elle aussi… Eh bien, vous vous méfiez de moi, je m’en défie… vous m’haïssez, je m’haïs… vous m’envoyez paître, je m’y en vas… vous me damnez, et je me damne… vous me méprisez, et je me méprise… V’là la chose, et pas n’est besoin de tant d’ouverture d’esprit pour la comprendre. Il s’en va en sanglotant.




Scène VII


LE DOCTEUR, VIOLETTE.
VIOLETTE, pleurant.

Ah ! vous êtes cause qu’il ne m’aime plus !

LE DOCTEUR.

Ce n’est pas ce qu’il a dit.

VIOLETTE.

Mais qu’est-ce qu’il dit donc ?

LE DOCTEUR.

Je ne me charge pas d’y voir clair… Ce pauvre diable a la tête faible, et vous ferez bien de le ménager.

VIOLETTE.

Mais c’est vous qui l’avez monté comme ça contre lui-même ! Ah ! tenez, vous avez le cœur dur, sans que ça paraisse ! Vous serez l’auteur que nous mourrons de chagrin, lui et moi, car c’est une affaire bâclée… Il est têtu comme une roche !… Ah ! monsieur le docteur, vous qui en savez si long, pourquoi est-ce que vous ne m’avez pas défendu d’hériter ?