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mon mari, qui arrivera dans deux jours pour assister à tes noces.

VICTORINE.

Ah ! mon Dieu ! que de belles choses ! Je vas donc être en gants blancs tout le reste de ma vie !

MADAME VANDERKE.

Nous te laissons contempler tes petites richesses ; mais nous voulons que tu viennes déjeuner avec nous, ainsi que ton père et ton futur, afin de fixer le grand jour… Entendez-vous, monsieur Fulgence ?

FULGENCE, sortant d’une profonde rêverie.

Madame… c’est trop d’honneur… (À part.) Une dot !

VANDERKE, à sa femme et à sa fille.

Allez m’attendre, mes chères amies… Je suis à vous dans le moment avec Antoine et Fulgence, que j’emmène au magasin. J’ai quelques ordres à donner.

Il sort avec Antoine et Fulgence par la droite.
SOPHIE.

Tu vas venir, Victorine ? C’est dans mon appartement qu’on déjeune aujourd’hui, tu le sais ?

VICTORINE, se levant.

Oui, oui, tout de suite, tout de suite. Je vas ranger et serrer tous mes trésors, et je vous suis.

Madame Vanderke sort par le fond avec sa fille, qui lui donne le bras.



Scène XII

VICTORINE, seule, debout auprès de la table.

De la moire ! des perles ! oh ! qu’elles sont lourdes !… elles sont fines, j’en réponds… Des dentelles anglaises !… Et de l’argent, beaucoup d’argent ! (Elle touche à tout et laisse tout retomber.) Oh ! je vais donc être bien riche, bien belle, bien heureuse !… et Fulgence m’aime beaucoup ! (Elle s’attriste de plus en plus.) Et mon père est bien content… C’est singulier, j’étouffe !… (Elle s’assied dans la chaise d’Antoine.) Est-ce la joie ?…