Page:Sand - Theatre complet 2.djvu/351

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BIENVENU, près du cuvier du pressoir.

L’épreuve est triomphante, vous le voyez ! et, moi, je jure par ce vin nouveau que mon pressoir durera cent ans et plus ! — Or, sus, à table ! Monsieur le bailli, compères syndics, père Valentin, mes compagnons, mes apprentis même, je vous invite tous sous la ramée, et je paye les violons qui feront danser tout le village ! (Sortant, précédé de tous, excepté de Pierre, Valentin et Reine.) Ah ! c’est bien ! (À Suzanne, en sortant avec elle.) Ça va très-bien !

Il sort.




Scène V


PIERRE, VALENTIN, REINE.


Valentin tend la main à Pierre, l’amène près de Reine, et se dispose à sortir.

PIERRE, le retenant.

Reine, parlez-moi enfin comme à un ami ! Voilà Valentin, mon sauveur, mon frère, qui m’assure que vous n’avez rien promis à personne, et qui attribue à votre désintéressement, à votre fierté le refus que vous faites de moi…

REINE, regardant Valentin avec angoisse.

Ce qu’il vous a dit… c’est à bonne intention… c’est pour le mieux, certainement.

VALENTIN.

Oui, oui, certes ! Je sais qu’avec le temps et la réflexion, on s’explique, on se connaît, on s’apprécie ! Tenez !… venez ensemble à la fête… (Il prend le bras de Reine et le passe sous celui de Pierre.) Moi, je…

REINE, effrayée.

Vous partez ?

VALENTIN, s’efforçant d’être gai.

Je vais au repas… vous garder les places d’honneur !… (À part, en se sauvant.) Oh ! mon Dieu, que je souffre !…

Il sort.