Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/113

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décombres depuis huit jours et huit nuits, conduisant les recherches, faisant creuser les murs et remuer les pierres. Nous n’avons rien trouvé ? Soit ! mais j’ai entendu, la nuit d’avant celle-ci… (À Tourny, qui hausse les épaules.) Oh ! ce n’était pas le vent, ce n’était pas la chouette ! c’était un cri, un blasphème bien connu ici. « Rage et malheur ! disait la voix. Lâches vassaux, vous m’abandonnez ! »

TOURNY, ému.

Vous mentez ! on n’a pas dit ça.

PATIENCE.

Tourny, ta mère, en mourant, ces jours-ci, était bien tourmentée ! Elle croyait avoir vu Jean le Tors auprès de son lit, lui faisant des menaces !

TOURNY.

Elle avait le transport ! elle rêvait, la pauvre âme !

MARCASSE.

Si elle était là, si elle voyait qui on accuse, elle parlerait !

TOURNY.

Plût à Dieu qu’elle y fût, monsieur Marcasse ; mais vous ne confesserez pas une femme qui est morte !

PATIENCE, le menaçant.

Tu dis là un mot !… Tu sais tout, tu mériterais…

TOURNY.

Oh ! vous m’avez assez tourmenté, je n’en veux plus ; monsieur le grand lieutenant, assistez-moi, on me violente !

M. DE LA MARCHE.

Laissez-le tranquille, Patience. Cet homme est surveillé et sera arrêté au besoin. (À Tourny.) Éloignez-vous. (Tourny sort. — Aux gardiens de Bernard.) Et vous aussi ! (À Marcasse.) Gardez le prisonnier. (À Patience.) Et vous, faites ce que je vous ai dit. Il est temps d’y songer.

PATIENCE.

Déjà ?

M. DE LA MARCHE.

Oui, certes.

Patience sort. Marcasse s’approche de Bernard et lui parle bas.