Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/138

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je manque de choses réputées plus utiles. Que voulez-vous ! pour l’artiste, l’essentiel, c’est le superflu.

GÉRARD, qui a regardé la montre.

Ma foi, oui, elle est belle, et je vous admire. Si toutefois… Non ! j’ai tort. La physionomie ne trompe pas à ce point. Mais écoulez-moi, Flaminio La livrée d’une misère volontaire, qu’elle soit le résultat de l’inconduite ou de l’imprévoyance, est quelque chose qui choque comme un cynisme, comme une insanité de l’âme, et je veux vous en voir débarrassé encore une fois.

FLAMINIO.

Ah ! vous allez m’offrir un emploi, un esclavage ? Merci, je trouverai bien à m’occuper sans ça.

GÉRARD, à part.

C’est une idée, ça ! Non, je vous offre… Il va vers son bagage.

FLAMINIO, avec beaucoup de hauteur.

J’espère, monsieur…

GÉRARD.

Non ! ce n’est pas de l’argent. Je veux tout bonnement vous donner des habits en échange de vos cigares.

FLAMINIO, dédaigneux.

Vos vieux habits ! c’est ça !

GÉRARD.

Non pas ! des habits tout neufs et que je comptais mettre ce soir. Ne me refusez [tas ; avec cela, on se présente partout, et on trouve souvent l’emploi de l’intelligence sans passer par des épreuves fâcheuses pour l’amour-propre. Tenez, j’ai là de quoi vous métamorphoser de la tête aux pieds…

FLAMINIO, regardant la malle ouverte.

Et du linge ! du beau linge parfumé ! Ah ! pazzia !

GÉRARD.

Allons, emportez cette malle, je vous la donne. Habillez vous, et ensuite…

FLAMINIO.

Non pas, monsieur. J’accepte, mais pour bien peu d’in-