Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/154

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GÉRARD.

Depuis une heure, et vous voyez que je ne perds pas de temps pour venir me jeter à vos pieds.

SARAH.

Vous vous sentez donc bien coupable ?

GÉRARD.

Non, pas beaucoup ! mais je vous sais très-irritée, puisque vous n’avez pas daigné répondre à mes lettres. J’ai tort, puisque vous êtes offensée. Pardonnez-moi, puisque je me montre si impatient de rentrer en grâce.

Il s’assied en face d’elle.
SARAH.

Vous prenez tout cela fort légèrement, je le vois. N’attachez donc pas trop d’importance au pardon que je vous accorde.

GÉRARD.

Ah ! mais si ! Je veux qu’il soit réel et cordial. Qu’ai-je donc fait de si atroce ? Voyons, dites ! Après l’accident du chalet, qui nous avait tous mis en émoi pour le reste du jour, vous vous êtes arrangée ; très-perfidement et très-cruellement pour quitter le pays sans que j’aie pu vous voir…

SARAH.

J’ai évité une explication qu’aujourd’hui je ne vous permets pas de demander. Du moment que vous croyez ne pas avoir de torts envers moi, n’en parlons plus.

Elle porte sur la table les lettres et les cartes.
GÉRARD se lève et la suit.

Ah ! si fait ! parlons-en. Je suis léger tant que vous voudrez, mais… Eh bien, non ! je ne suis pas léger, je voudrais l’être ; mais, quand il s’agit de vous… de vous, Sarah, que j’aime et respecte depuis que je me connais, cela est impossible. Voyons, grondez-moi beaucoup, j’aime mieux ça. Dites vos griefs. Êtes-vous aristocrate à ce point de vous croire perdue, pour avoir dîné sur l’herbe en compagnie d’un pauvre hère…