Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/160

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LE DUC.

Je serais même souverain, si j’avais le moyen de régner. Mais, grâce à un M. de Kologrigo… Je te conterai ça à loisir ! parlons de toi. Comment diable te trouves-tu ici, chez lady Melvil ? — Qu’est-ce que tu fais donc maintenant ?

FLAMINIO.

Moi ? Rien, comme à l’ordinaire.

LE DUC.

Tu as tort.

FLAMINIO.

Oh ! que non ! le travail m’a toujours porté malheur…

LE DUC, le regardant.

Est-ce que tu aurais fait aussi un héritage ?…

FLAMINIO.

Moi ? Je suis fils de l’Adriatique, et ma mère est aussi avare que je suis prodigue. Elle garde pour elle tous les joyaux que lui ont donnés les doges en l’épousant, et, pour avoir eu tant de pères, je n’en suis pas plus riche. Mais ça ne m’empêchera pas d’aller voir le musée, tout à l’heure, de dîner ensuite au Café de Paris et de prendre ce soir une stalle aux Italiens.

LE DUC.

Alors, tu as quelque argent ?

FLAMINIO.

J’ai cinquante francs de reste, sur le prix d’une montre que j’ai vendue à Genève ; ça a payé mon voyage, les habits que voilà, et ça va me payer une journée d’élégance parisienne.

LE DUC.

Et demain ?

FLAMINIO.

Bah ! vous disiez toujours ça, demain !

LE DUC.

Et tu répondais toujours : Nous n’y sommes pas. Allons, tu ne t’es pas amendé ! Pauvre garçon ! je voudrais bien te restituer tout de suite…