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Scène V


MARCASSE, JEAN.


Marcasse est vêtu proprement, quoique pauvrement : il a une sorte de manteau court et drapé sur l’épaule, un chapeau à grands bords, des guêtres. Il porte sa grande épée sous le bras ; c’est son outil de chasse, qu’il n’a pas le droit de porter au côté, et qu’il pose ou garde, suivant les besoins de la scène. Il est suivi par son petit chien et introduit par la porte de côté. Le valet qui l’amène se retire.

JEAN, avec une gravité ironique.

Salut à Votre Seigneurie, don Marcasse !

MARCASSE.

Seigneur, moi ? Non ! Espagnol ? Non !… Honnête homme, oui, pour vous servir.

JEAN.

Ma foi, vous êtes plus qu’honnête homme, Marcasse, vous êtes homme d’esprit. Cela se voit dans votre physionomie… Eh bien, le métier va-t-il ? Vous voilà vieux ! et c’est un dangereux casse-cou, à votre âge, que de courir la fouine sur les charpentes des greniers !

MARCASSE.

Œil très-bon, jarret très-sûr. Blaireau de même. (Montrant son chien.) Très-bon chien ! vieux ami !

JEAN, touchant l’épée de Marcasse.

Et vieille épée ! bonne lame pour larder les rats dans leur tanière ? Nous savons cela. Il paraît cependant que vous n’avez pas le pied tellement sûr, que vous n’ayez fait une chute dernièrement, dans un des bâtiments du château de Sainte-Sévère ?

MARCASSE.

Peu de chose, deux trous à la tête, un pied démis, une main foulée.