Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/260

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thique, n’est-ce pas ? il comprend le beau et le bon ! Donne-lui des conseils, aime-le comme ton frère !

Herman, attendri, tend les mains à Anselme, qui les lui serre avec effusion.
ANSELME.

Mon père, tout ce que vous dites là, c’est le devoir d’un noble esprit et d’une bonne conscience ! (Regardant Keller avec intention, d’un air digne.) Dans quelque position de la vie que je me trouve, je vous jure de n’avoir jamais d’autre règle de conduite.

MARIANNE.

C’est bien répondu, mon fils ! et, à présent, venez : votre père veut nous conduire à la tombe de notre bienfaiteur… (À Favilla.) N’est-ce pas, mon ami ? c’est le premier devoir qu’il lui faut remplir.

FAVILLA.

Oui, oui, tu as raison, bien raison, ma femme ! Allons !… Venez, Keller, venez prier avec nous !

KELLER, sans se déranger.

Oui, oui, je vous suis.

MARIANNE, à Keller, en sortant.

Je vous rends grâces pour votre indulgence, monsieur ; nous en abuserons le moins possible.

FAVILLA, revenant.

Ah ! j’y pense ! il y a toujours de braves gens autour de cette tombe vénérée, des pauvres qu’il assistait, lui !… et moi, je ne sais comment cela se fait… (Tâtant ses poches.) Le manque d’habitude ! je n’ai jamais rien à leur donner ! Frantz, il me faut de l’argent ; ça me gêne à présent d’avoir toujours les mains vides.

Frantz porte la main à sa poche, Keller l’arrête.
KELLER.

Eh bien, que faites-vous ? J’espère que…