Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/263

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

FRANTZ, un peu préoccupé.

Oui, monsieur ; c’est le 22…

KELLER.

Bon, je sais ! C’est aujourd’hui la Sainte-Cécile, et vous ne pensez qu’à votre concert ; ce n’est pas une raison pour ne pas m’expliquer pourquoi cet homme est encore chez moi.

FRANTZ, tressaillant.

Qui ?… maître Favilla ?… Ah ! monsieur !

KELLER.

Je ne vous parle pas de lui ; mon Dieu ! lui, je le tolère. Mais ce Péters qui travaille au jardin, pourquoi le garder quand son mois est fini, et que je vous disais de me le remplacer par un bon ouvrier ayant bras et jambes ! C’est désagréable d’avoir un estropié sous les yeux !

FRANTZ.

C’est que… comme l’accident lui est arrivé dans la maison…

KELLER.

Ah ! c’est différent, celui-là… (Pendant ce temps, Favilla est entré doucement et distrait.) Je ne vous dis pas… Mais vous en avez comme ça par douzaines, des infirmes qui me grugent… Ah ! vous voilà, maestro ; bonjour !

FAVILLA.

Qu’est-ce que vous faites donc là, Keller ? Vous aidez Frantz à tenir mes comptes ? Vous prenez trop de peine pour moi, mon cher ami ; il n’y a pas besoin de tant de chiffres, Frantz est au courant de tout. Que les choses aillent comme elles allaient auparavant, c’est tout ce que je demande.

KELLER, haussant les épaules.

Bon ! bon ! (À Frantz.) Tout ce que je vois là dedans, c’est qu’on se ruine en tolérances et en prodigalités de tout genre, en travaux inutiles, en secours sans fin… Je suis humain autant qu’un autre ; mais je vois qu’en allant de ce train-là, il n’y a pas moyen ici de mettre un ducat de côté au bout de l’année, que le revenu de la terre passe tout entier à l’entretien de la terre, que l’ordre est bien établi dans vos dépenses.