Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/289

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

HERMAN, à Keller

Mais dites-lui donc…

KELLER.

Sois donc tranquille ! Prends donc patience ! (À part.) Qu’est-ce qu’elle a donc contre moi ?

FAVILLA, à Marianne.

Eh bien, c’est entendu, n’est-ce pas ? Nous emmènerons Herman !

MARIANNE.

Il nous rejoindra, mon ami. (Bas, à Herman, qui est venu près d’elle.) Je vous défends d’essayer de nous revoir jamais.

FAVILLA.

Bien, bien ! Et nous reviendrons plus tôt que tu ne pensais. Leur amour enchantera pour toi cette demeure où tu as souffert ! Allons, ma Juliette, pas de crainte, pas de tristesse, pas de confusion surtout ! Pourquoi baisser la tête ? C’est si beau, c’est si naïf, c’est si pur, le sentiment qui se révèle à toi !… (Lui montrant Herman plongé dans une tristesse profonde.) Regarde ton fiancé… ton silence l’inquiète… Tu ne veux pas lui dire un mot ? (À Herman, lui montrant Juliette.) Et toi, tu n’oses pas non plus ? Cette affection-là, mes enfants, c’est une chose sainte, puisque le cœur de vos parents s’en réjouit sous l’œil de Dieu ! (À Juliette.) Allons, embrasse-moi, à présent, et dis-moi tout bas que tu n’es pas trop mécontente de ton père ! (Juliette, éperdue, se jette dans ses bras. Marianne et Anselme, consternés et appuyés l’un sur l’autre, se regardent. — Herman, agité, regarde Juliette.) Eh bien, Keller, me trouvez-vous enfin raisonnable ?

KELLER.

Très-bien ! très-bien !…

FRANTZ, à Favilla, s’approchant pour faire diversion.

Et la Sainte-Cécile ! N’oublions pas !…

FAVILLA.

Oh ! j’y songe, va, et m’y voilà mieux préparé que je ne l’étais ce matin. Oui, me voilà réconcilié avec ma position ! Allons, mes amis, plus de regrets amers. Ce n’est pas une pensée lugubre qui va nous réunir : c’est l’art divin qui évo-