Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/326

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

DANIEL, bas, à Lucie.

Mais l’argenterie ?

LUCIE, tirant des couverts du panier et arrangeant la table.

La voilà !

DANIEL, bas.

Elle l’avait fait disparaître !

LUCIE, bas.

Je l’ai reprise, moi ! et c’est pour cela qu’elle m’a…

DANIEL, haut, s’échappant.

Frappée ! toi !

STÉPHENS.

Frappée ! Qui donc ?

LUCIE, faisant signe à Daniel.

Rien, personne !

DANIEL, exalté.

Si fait, voyez ! elle la hait, cette gredine de femme ! (Il est près de baiser le front de Lucie, s’arrête, et, avec une serviette blanche qu’il tient, il lui essuie le front en tremblant.) Lucie, je ne veux pas que vous retourniez jamais avec elle. Je ne le veux pas, moi, entendez-vous !

ADRIEN, qui a été distrait jusque-là.

Mais que s’est-il donc passé ?

STÉPHENS.

Vous ne comprenez pas ? (Montrant Lucie.) Vous ne voyez pas ? Charlotte la traite ainsi, parce qu’elle prend vos intérêts ! Douterez-vous encore ?

ADRIEN, prenant la main de Lucie et la regardant.

Pauvre Lucie !

LUCIE, s’écriant.

Ah !

Elle porte la main d’Adrien à ses lèvres avec transport, puis s’enfuit honteuse, va et vient, apportant le dîner avec Daniel. Adrien est ému.
STÉPHENS, tranquillement.

Ah ! vous êtes bien heureux d’être son frère ! sans cela, je serais jaloux de vous jusqu’à la rage.