Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/48

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sieur ! Bernard, restez ici !… Monsieur Aubert, venez ! (À Patience et à Marcasse.) Mes amis, ne souffrez pas qu’ils s’éloignent, je réponds de les protéger !… »

M. ALBERT.

Oui, oui, courons !

Il sort avec Edmée.




Scène V


MARCASSE, PATIENCE, BERNARD, LÉONARD.


LÉONARD.

C’est inutile, je ne veux pas qu’on me sauve, je ne veux ni pitié ni pardon, moi ! J’ai rompu avec ceux qui te réclament, Bernard ! suis ta destinée ! la nôtre est accomplie ! Mon père Tristan l’a dit sur son lit de mort : La légalité triomphe, la féodalité s’en va, mes fils finiront mal ! Bernard ! tu nous as quittés à l’heure suprême ! c’est lâche, mais c’est juste. Telle est la loi du monde où tu rentres et qui te fera peut-être payer cher la protection que tu lui demandes !

PATIENCE.

Non, monsieur, il sera honnête homme, et, s’il a plus de peine qu’un autre à se faire estimer, il aura aussi plus de mérite.

MARCASSE, à Léonard.

Oui, parlez plus sagement… Et tenez, reprenez des forces. (Il lui présente sa gourde, que Léonard prend machinalement.) Vous pâlissez beaucoup.

BERNARD.

Honnête homme !… Lâche !… voilà donc mon lot à moi ? Non, mieux vaut mourir. Venez, Léonard.

PATIENCE.

Non ! vous n’irez pas !

LÉONARD, se relevant.

Il n’ira pas, je le lui défends ! Adieu, Bernard ; je te pardonne ! (Il lui tend la main.) On vient… J’ai la force… Oui !

Il boit à la gourde.