Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/64

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LE CHEVALIER.

Le château est détruit, mais la ferme est debout, et redeviendra par nos soins une belle et bonne propriété où tu iras de temps en temps dire d’honnêtes paroles et donner de bons exemples. C’est ton devoir, mon enfant ; il faut faire refleurir l’honneur, là où le mal avait semé la peste. Nous irons ensemble, et tu me suivras, toi, jeune homme, là où, moi, vieillard, je porterai une âme ferme et un front tranquille.

BERNARD.

Ah ! mon oncle ! vous êtes un homme, vous ! Soyez béni pour le payement des dettes ! Mais, quant au patrimoine, je refuse ! je n’en ai pas besoin ! À un être comme moi, il ne faut qu’un fusil au bras, un carnier au flanc, un chien de chasse derrière les talons !… Oui, une arme et la liberté !… (Il se lève.) Je ne serai jamais qu’un gentilhomme illettré, et vos leçons, monsieur Aubert, tombent comme le grain sur la roche ! Épargnez-vous une peine inutile ; quant à vous, Edmée, jamais je ne consentirai à faire brèche à votre fortune !

EDMÉE.

Bernard !…

BERNARD, avec amertume.

Oh ! ma cousine, je sais bien que vous feriez tous les sacrifices pour vous dispenser…

EDMÉE, fièrement, mais tremblant.

Pour me dispenser de quoi, s’il vous plaît, Bernard ?

BERNARD.

De tenir certaine promesse que vous m’avez faite le jour de notre première entrevue.

LE CHEVALIER, étonné, se levant.

Quelle promesse lui as-tu donc faite, Edmée ?

BERNARD, regardant Aubert, qui lui serre le bras avec anxiété.
Il lève les épaules et sourit.

Elle m’a promis de me regarder toujours comme son frère et son ami. Ne sont-ce pas là vos paroles, Edmée, et croyez-vous que cela se prouve avec de l’argent ?