Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/68

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EDMÉE.

En ce moment, vous faites pis, vous me déplaisez.

BERNARD, quittant son bras.

Oh ! c’est affreux, Edmée, ce que vous dites là !

EDMÉE.

À qui la faute ? Voyons, remettez-vous, et allons rejoindre mon père.

BERNARD, d’un air sombre.

Non ! allez-y ; moi, je reste.

EDMÉE.

Je ne vous laisserai pas seul, irrité comme vous l’êtes.

BERNARD.

Pourquoi ça ? (Haussant les épaules.) Craignez-vous que je ne me tue ?

EDMÉE.

Non ; mais je ne veux pas que vous vous frappiez la tête contre les murs, comme vous faites dans vos moments de colère.

BERNARD.

Ma tête est dure, Edmée ; elle peut bien perdre un peu du sang qui la gène. Vous me haïssez tel que je suis, si j’étais mort, vous me plaindriez peut-être.

EDMÉE.

Taisez-vous ! ces menaces sont lâches…

BERNARD, souriant.

Lâche, moi ? Non, cela ne m’atteint pas… Ah !… si je pouvais pleurer !…

EDMÉE.

Voyons, ne pleurez pas, corrigez-vous.

BERNARD.

Que voulez-vous donc que je fasse ? Mon Dieu ! dépend-il de moi d’avoir de belles manières, de savoir tourner des phrases, comme votre M. de la Marche et votre M. Aubert, puisque je ne peux pas ?

EDMÉE.

Vous me jugez bien vaine et bien frivole, si vous croyez