Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/79

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BERNARD.

J’en serais flatté !

LE CHEVALIER.

Il n’y a pas de quoi !

EDMÉE, bas, à Bernard.

Allons, Bernard ! taisez-vous donc.

BERNARD.

Pourquoi me taire ? Déserterai-je le culte de la philosophie ? Mentirai-je à mes principes, à ma conscience ? Renierai-je l’éducation que j’ai su acquérir, et les trésors où j’ai puisé la lumière de l’esprit ? Me laisserai-je imposer les sots préjugés que mon siècle repousse ? Non ! je suis, je veux être l’homme de mon temps, et je combattrai l’absurde, fût-ce contre mon propre père ! Une erreur est toujours une erreur, et c’est un pauvre argument que celui-ci : « J’ai raison, parce que j’ai des cheveux blancs ! » Le chevalier frappe avec bruit sa tabatière et paraît hors de lui.

M. AUBERT, au chevalier.

Pardonnez-lui ! il ne fait que de commencer à raisonner…

BERNARD.

Permettez, monsieur Aubert, j’ai coutume de prendre mes leçons, à mes heures, avec une déférence et une attention dont je ne pense pas que vous ayez désormais à vous plaindre.

M. AUBERT.

Loin de là, je reconnais…

BERNARD, avec hauteur.

Eh bien, reconnaissez aussi qu’en dehors de ces heures-là, je m’appartiens, et que ma vie ne saurait être une leçon perpétuelle, (M. Aubert fait une inclination froide et se détourne.) Allons ! ne puis-je me défendre sans blesser votre susceptibilité ?

MARCASSE, s’échappant malgré lui.

Susceptible, lui ?… Non !

BERNARD, regardant Marcasse par-dessus son épaule.

Hein ? Qu’est-ce qu’il fait donc là, l’homme aux belettes ?