Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/99

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BERNARD, tressaillant.

Le mariage ? qui donc se marie ?

TOURNY.

La demoiselle Edmée avec le grand lieutenant ! Oh ! il en est parlé dans tout le pays, et vous venez à point pour être de noce. (Étonné des signes de Marcasse.) Excusez-moi, je ne dis peut-être pas la chose dans les bons termes : on est si simple, nous autres paysans !

MARCASSE.

C’est bien, assez, merci !

Il le reconduit dehors.




Scène IV


MARCASSE, BERNARD.


Bernard est immobile sur le fauteuil à gauche ; il prend machinalement un de ses pistolets à sa ceinture.

BERNARD.

Cela devait être !

MARCASSE, arrachant le pistolet des mains de Bernard.

Vous !… un homme, un militaire, qui doit sa vie… Fi donc ! Et puis, c’est faux, qui sait ? On dit, on croit ! des paroles ! Il faut savoir ! Partons !

Il jette le pistolet à terre.
BERNARD.

Non, non ! je ne peux pas ! La retrouver fiancée de nouveau avec cet homme ! Ah ! je suis désespéré… je n’ai plus besoin de m’observer et de me corriger… mes instincts farouches peuvent bien triompher à présent. Pourquoi non ? J’appartiens au mal, puisque mon cœur appartient à l’éternelle solitude ! (À Marcasse, qui s’est agenouillé près de lui.) Mais que fais-tu là, mon pauvre ami ? que peux-tu demander à un homme qui n’existe plus ?

MARCASSE.

Votre ami, oui, je le suis ! vous, le mien aussi ! vous le de-