Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/117

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pêtre au village. De son jardin, nous verrions les danses et divertissements. Ma proposition fut accueillie avec enthousiasme par mes jeunes nièces et petits-cousins. On se mit en route en riant, criant, gambadant et chantant. Le village était à moins d’un kilomètre de la maison en passant par les sentiers de mes prairies.

Notre arrivée bruyante fit sortir des guinguettes toute la jeunesse du pays. On s’occupa d’allumer le fanal, car il faisait nuit. On appela les ménétriers épars dans les cabarets. Les jeunes gens que j’avais amenés se souciaient fort peu de prendre le café, ils voulaient danser. Le personnel de la fête s’était beaucoup éclairci. La danse abandonnée se réorganisait comme il arrive quand la faim est apaisée et que la soirée commence.

Dans ce quart d’heure d’attente impatiente et de joyeux désordre, je me trouvai seul quelques instants sur la terrasse du père Rosier. Cette terrasse était un petit jardin planté de noisetiers au versant de la colline et porté par le dernier degré du roc à deux mètres perpendiculaires au-dessus du niveau de la place où l’on dansait. C’était le plus joli endroit du monde pour voir l’ensemble de la petite fête. Trois lanternes bleues cachées dans le feuillage simulaient un clair de lune et permettaient de s’y reconnaître ; mais rien encore n’était allumé, et je me trouvais