Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/137

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avec le clocheton du carillon qui annonce les offices. Mon mari, qui est pieux pour tout de bon, a été agréé dans la maison pour entretenir et au besoin réparer ces clochettes. Il a une clef de cette porte et ne me la confierait pour rien au monde pendant la nuit ; mais il faut bien qu’il dorme, le cher homme, et quand je voudrai, j’aurai cette clef. Et quand Marie voudra, elle passera par cette porte pour prendre la clef des champs ! M’entendez-vous à présent ?

» Je n’entendais que trop, et la pensée d’une si belle aventure me rendait presque fou. Mes amourettes en ville ne me paraissaient plus rien que du chiendent, et je ne sortis pas cette nuit-là. Je ne fis que causer avec la Charliette, qui était revenue me trouver après le coucher de son mari. Cette diable de femme me montait la tête, et je ne veux rien vous cacher, mon oncle, si la chose eût été possible en ce moment-là, j’enlevais tout de suite, sauf à réfléchir après.

» Mais il fallait que mademoiselle de Nives y consentît, et elle n’était avertie de rien. L’idée de la Charliette avait été improvisée en me voyant. J’avais plusieurs jours devant moi pour reprendre mes esprits, et il me vint une foule d’objections. Cette demoiselle qui ne me connaissait pas, qui n’avait sur mon compte d’autres notions que le souvenir des lettres ridicules qu’elle m’attribuait peut-être encore, cette fille