Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/166

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l’avance sur moi. Je n’hésitai pas, et, bien que par là la montée fût encore raide, je me trouvai au pied de la tour en moins de dix minutes. Il faisait tout à fait nuit, pas de lune ; un temps couvert, mais silencieux et calme. Je n’avais pas grande précaution à prendre pour me cacher, même en me tenant près de l’entrée, et c’est par le sens auditif que je pouvais me renseigner. Ce ne fut ni long ni difficile. Henri et une des femmes se tenaient debout à trois pas de moi, l’autre femme faisait le guet à quelque distance.

— À présent, disait Henri, êtes-vous décidée ?

— Décidée absolument.

— Eh bien ! ne revenez pas demain, c’est inutile.

— Oh si, encore demain ! Laissez-moi revenir ?

— C’est fort imprudent, je vous en avertis.

— Je ne connais pas la prudence, moi, ne le savez-vous pas ?

— Je m’en aperçois de reste !

— Je suis au-dessus de tous les propos, j’ai un but plus élevé que de veiller à cette chimère qu’on appelle en langage humain la réputation. Je n’ai de comptes à rendre qu’à Dieu, et pourvu qu’il soit content de moi, je me ris de tout le reste.

— Mais vous voulez réussir, et il ne faut pas vous créer d’inutiles obstacles. Si on découvre