Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/219

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faire de ma fille, qui ne songe qu’à me fuir, et dont il faut que je me déshabitue pour avoir le courage de la quitter ?

— Vous irez à Nives pour faire vos préparatifs de départ. Ninie restera chez moi avec mademoiselle Marie, qui, étant fiancée à Jacques, doit rester désormais sous la garde de son futur oncle.

— Mais votre fils !… Votre fils vient d’avoir aussi, je le sais, une intrigue avec elle !

— C’est un mensonge de la Charliette. Mon fils est un honnête homme et un homme sérieux. Il est possible que la Charliette eût souhaité l’exploiter aussi ; mais il est plus malin que Jacques. Pourtant, comme il ne faut pas donner prise à la médisance, mon fils ira passer la fin de ses vacances avec son cousin à Champgousse, et on ne se réunira ici qu’à la veille du mariage. Nous signerons ce jour-là les actes qui vous concernent en même temps que le contrat, et en attendant, comme vous voici tout à fait calme, vous allez venir dîner chez nous avec ma famille et la vôtre.

— Impossible ! je ne peux pas revoir tout ce monde, Ninie surtout ! Cette enfant, qui me quitte avec joie, fait mon supplice !

— C’est un supplice mérité, madame de Nives ! Vous avez voulu perdre, ruiner et avilir la fille de votre mari, vous vouliez qu’elle fût religieuse