Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/341

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— Attendons à ce soir, Marianne ; s’il te plaît, à toi, tout sera changé, et tu ne me demanderas plus conseil.

— Il pourrait me plaire et vous déplaire… Eh bien, s’il me plaît, tant pis, je ne vous écouterai pas moins.

— Tu te moques, mon enfant ; s’il te convient, il faudra bien qu’il m’agrée.

Marianne changea de visage et redevint tout à coup la froide petite personne que Pierre connaissait. Il semblait que la résignation de son parrain l’eût blessée, et que, lasse de vouloir provoquer en lui un élan de cœur, elle renonçât de nouveau, et cette fois pour toujours, à être aimée de lui.

— Puisque vous me laissez si parfaitement libre d’esprit, lui dit-elle, je ne vais plus songer qu’à m’interroger moi-même. À tantôt, mon parrain.

Et elle allait retourner sur ses pas, lorsque Pierre, emporté par un mouvement violent, saisit la bride de Suzon en s’écriant :

— Attends, Marianne, tu ne peux pas me quitter sur cette parole glacée !

— Eh bien, parrain, dit Marianne radoucie, quelle parole dois-je vous dire ?

— Une parole d’affection et de confiance.

— Ne vous l’ai-je pas dite en vous promettant de ne pas me marier contre votre gré ?