Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/57

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— Vous voulez plus de détails sur Marie de Nives ? Eh bien ! voici son histoire, à elle ! Je vous ai dit son caractère, voici des faits.

La comtesse se replaça sur son fauteuil et parla ainsi :

— À onze ans, cette malheureuse enfant était déjà un inexplicable mélange de folie délirante et de profonde dissimulation. Vous croyez que ces deux dispositions se contredisent ? Vous vous trompez. Pour courir au hasard et faire l’école buissonnière avec les petits paysans d’alentour, Marie, qui prétendait adorer sa mère et qui l’aimait peut-être à sa façon, ne s’embarrassait nullement de lui faire de la peine. Elle ne s’embarrassait pas non plus d’exposer sa vie dans les exercices les plus périlleux des garçons. Dans les prés, elle sautait sur les chevaux en liberté et galopait sans selle ni bride au risque des plus graves accidents. Elle grimpait aux arbres, elle tombait, elle revenait déchirée, souvent blessée. Là était le délire, l’emportement d’une nature violente.

— C’était un peu, m’a-t-on dit, le caractère de son père.

— C’est possible, monsieur. Il était passionné et emporté ; mais il était sincère, et Marie est menteuse avec une certaine habileté. Quand sa fièvre est apaisée, il n’y a pas d’histoires qu’elle ne sache inventer pour mettre sa faute sur le compte des autres.