Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/64

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

craignez-vous pas que l’avocat qui défendra sa cause ne vous impute le malheur de cette fille sacrifiée par son père, repoussée, persécutée (on le dira), portée au désespoir par votre aversion ? Si vous vouliez suivre mon conseil, vous en resteriez là, vous laisseriez ignorer la fuite de mademoiselle de Nives, vous attendriez sa majorité si prochaine. Si elle ne reparaissait pas à cette époque, votre cause deviendrait meilleure, peut-être bonne. Vous seriez en droit de faire des recherches et de mettre la police sur pied ; alors nous trouverions probablement des motifs de certitude sur l’incapacité. Nous les ferions valoir. Ma conscience n’aurait plus lieu d’hésiter. Réfléchissez, madame, je vous supplie de réfléchir.

— J’ai réfléchi avant de venir ici, répondit madame de Nives d’un ton sec, et j’ai même résolu de n’écouter aucun conseil qui aurait pour résultat ma ruine et celle de ma fille. Si j’attends les événements, ils peuvent en effet m’être favorables ; mais s’ils ne le sont pas, si Marie est reconnue, en dépit de ses égarements, capable de gérer ses biens, je n’ai plus d’armes contre elle.

— Et vous en voulez absolument ? Qu’elle soit innocente ou non, vous voulez à tout prix sa fortune ?

— Je ne veux pas sa fortune, qui demeure