Page:Sand - Valvèdre.djvu/105

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dans la soirée. Si tu ne vois rien, il n’y aura rien à dire, rien à faire ; tu t’armeras de courage en te disant que ce n’est pas une preuve de désastre, mais que la provision de pièces d’artifice est épuisée ou endommagée, ou bien encore que nous sommes dans un pli de terrain qui ne nous permet pas d’être vus d’ici. Quoi qu’il arrive, reste auprès de ces deux femmes jusqu’à mon retour, ou jusqu’à celui de Valvèdre… ou jusqu’à une nouvelle quelconque…

— Je vois, lui dis-je, que tu n’es pas sûr de revenir ! Je veux t’accompagner !

— N’y songe pas, tu ne ferais que me retarder et compliquer mes préoccupations. Tu es nécessaire ici. Au nom de l’amitié, je te demande de me remplacer, de protéger ma fiancée, de soutenir son courage au besoin… de lui donner patience, si, comme je l’espère, il ne s’agit que de quelques jours d’absence, enfin d’aider madame de Valvèdre à rejoindre ses enfants, si…

— Allons, ne croyons pas au malheur ! Pars vite, c’est ton devoir ; je reste, puisque c’est le mien.

Il fut convenu que, le lendemain matin, j’expliquerais l’absence d’Henri en disant qu’il avait reçu un message de M. de Valvèdre, lequel l’envoyait faire des observations sur une montagne voisine ; que, pour la suite, j’inventerais au besoin d’autres prétextes de son absence en m’inspirant des circonstances qui pourraient se présenter.

J’entrais donc dans le poëme de l’amour heureux