Page:Sand - Valvèdre.djvu/113

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moyen de concilier le sentiment de sa fierté avec les élans de son cœur avide d’émotions. Elle se réfugiait dans un mezzo termine où la vertu n’eût pas vu bien clair, mais où la pudeur alarmée pouvait s’endormir quelque temps. Elle m’aidait à la tromper, et nous nous trompions l’un l’autre en nous persuadant que la loyauté la plus stricte présidait à ce contrat perfide et boiteux. Tout cela m’entraînait dans un abîme. Je débutais dans l’amour par une sorte de parjure ; car, en me vouant à une vertu de passage dont j’étais avide de me dépouiller, j’étais plus coupable que je ne l’avais été jusque-là en m’abandonnant à une passion sans frein, mais sans arrière-pensée.

Il ne me fut pas permis de m’en apercevoir suffisamment pour m’en préserver. À partir de ce moment, Alida, exaltée par une reconnaissance que j’étais loin de mériter, m’enivra de séductions invincibles. Elle se fit tendre, naïve, confiante jusqu’à la folie, simple jusqu’à l’enfantillage, pour me dédommager des privations qu’elle m’imposait. Sa grâce et son abandon lui créèrent des périls inouïs avec lesquels elle se joua comme si elle pouvait les ignorer. Sans doute, il y a un grand charme dans ces souffrances de l’amour contenu qui attend et qui espère. Elle en exaspéra pour moi les délices et les angoisses. Elle fut passionnément coquette avec moi, ne s’en cachant plus et disant que cela était permis à une femme qui aimait éperdument et qui voulait donner à son amant tout le bonheur conciliable avec sa pudeur et ses devoirs : étrange