Page:Sand - Valvèdre.djvu/123

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feindre et de mentir, c’est sur elle seule que tombe tout le poids de cette odieuse nécessité. Il suffit à son complice de paraître calme et de ne commettre aucune imprudence ; mais elle qui risque tout, son honneur, son repos et sa vie, elle doit tendre toutes les forces de sa volonté pour empêcher le soupçon de naître. Croyez-moi, pour celle qui n’aime pas le mensonge, c’est là un véritable supplice, et pourtant je vais le subir, et je n’ai pas seulement songé à vous en parler. Je ne vous ai pas demandé de m’en plaindre, je ne vous ai pas reproché de m’y avoir exposée. Et vous, à l’approche du danger qui me menace, vous m’abandonnez en disant : « Je ne sais pas feindre, je suis trop fier pour me soumettre à cette humiliation ! » Et vous prétendez que vous m’aimez, que vous voudriez trouver quelque terrible occasion de me le prouver, de me forcer à y croire ! En voici une prévue, banale, vulgaire et facile entre toutes, et vous fuyez !

Elle avait raison. Je restai. La destinée, qui me poussait à ma perte, parut venir à mon secours. Obernay revint seul. Il apportait à madame de Valvèdre une lettre de son mari, qu’elle me montra, et qui contenait à peu près ceci :

« Mon amie, ne m’en veuillez pas de m’être encore laissé tenter par les cimes. On n’y périt pas toujours, puisque m’en voilà revenu sain et sauf. Obernay m’a dit la cause de votre excursion dans ces montagnes. Je