Page:Sand - Valvèdre.djvu/204

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ce hangar en ruine, tout chargé de lierre et de joubarbes. Une petite construction neuve s’abritait sous cette carapace et s’ouvrait de l’autre côté du jardin sur un étroit parterre éblouissant de roses. L’appartement mystérieux se composait de trois petites pièces d’un luxe inouï.

— Tenez, dit Moserwald en me montrant, sur une console de rouge antique, une coupe d’or ciselé remplie jusqu’aux bords de perles fines très-grosses, je laisse cela ici. C’est le collier que je lui destinais à sa première visite, et, à chaque visite, la coupe eût contenu quelque autre merveille ; mais, dans ce temps-là, vous savez, elle n’a pas seulement daigné voir ma figure !… N’importe, vous lui offrirez ces perles de ma part… Non, elle les refuserait ; vous les lui donnerez comme venant de vous. Si elle les méprise, qu’elle en fasse un collier à son chien ! Si elle n’en veut pas, qu’elle les sème dans les orties ! Moi, je ne veux plus les voir, ces perles que j’avais choisies une à une dans les plus beaux apports du Levant. Non, non, cela me ferait mal de les regarder. Ce n’est pas là ce que je voulais retirer d’ici. C’est un paquet de brouillons de lettres que je voulais lui écrire. Il ne faut pas qu’elle les trouve et qu’elle s’en moque. Ah ! voyez, le paquet est gros ! Je lui écrivais tous les jours, quand elle était ici ; mais, quand il s’agissait de cacheter et d’envoyer, je n’osais plus. Je sentais que mon style était lourd, mon français incorrect… Que n’aurais-je pas donné pour savoir tourner cela comme