Page:Sand - Valvèdre.djvu/219

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— Ce serait donc de vous deux à la fois, reprit-elle, car je le suis de vous horriblement, je ne peux pas le cacher. Cela m’est revenu ce matin avec la vie.

— C’est peut-être de nous deux ! qui sait ? vous l’avez tant aimé !

Elle ne répondit pas. Elle était inquiète, agitée ; il semblait qu’elle se repentît de notre réconciliation et de nos serments de la veille, ou qu’une préoccupation plus vive que notre amour lui fît voir enfin les dangers de cet amour et les obstacles de la situation. Il était évident que ma lettre l’avait bouleversée, car elle m’accablait de questions sur les révélations que Moserwald m’avait faites.

— À mon tour, lui dis-je, laissez-moi donc vous interroger. Comment se fait-il que, me voyant si malheureux en présence de tout ce qui nous sépare, vous ne m’ayez jamais dit : « Tout cela n’existe pas, je peux invoquer une loi plus humaine et plus douce que la nôtre, j’ai fait un mariage protestant » ?

— J’ai dû croire que vous le saviez, répondit-elle, et que vous pensiez comme moi là-dessus.

— Comment pensez-vous ? Je l’ignore.

— Je suis catholique… autant que peut l’être une personne qui a le malheur de douter souvent de tout et de Dieu même. Je crois du moins que la meilleure société possible est la société qui reconnaît l’autorité absolue de l’Église et l’indissolubilité du mariage. J’ai donc souffert amèrement de ce qu’il y a d’incomplet et d’irrégulier dans le mien. N’était-ce pas une raison