Page:Sand - Valvèdre.djvu/258

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pas votre santé, l’avenir d’une maternité nouvelle, en vivant sans règle, sans but, sans repos, sans domicile, et sans vouloir connaître cet a b c des choses que votre devoir sera d’enseigner à vos enfants. Si vous ne pouvez vous résoudre à la vie des femmes ordinaires sans périr d’ennui, vous n’êtes donc pas une femme ordinaire, et je vous conseillais une étude quelconque pour vous rattacher à votre intérieur, que le caprice et l’imprévu de votre existence actuelle ne sont pas faits pour rendre digne de vous et de moi.

» Et, comme elle s’emportait, je crus devoir lui dire encore :

» — Tenez, ma pauvre chère enfant, vous êtes dévorée par votre imagination, et vous dévorez tout autour de vous. Si vous continuez ainsi, vous arriverez à absorber en vous toute la vie des autres sans leur rien donner en échange, pas une lumière, pas une douceur vraie, pas une consolation durable. On vous a appris le métier d’idole, et vous auriez voulu me l’enseigner aussi ; mais les idoles ne sont bonnes à rien. On a beau les parer et les implorer, elles ne fécondent rien et ne sauvent personne. Ouvrez les yeux, voyez le néant où vous laissez flotter une intelligence exquise, l’orage continuel par lequel vous laissez flétrir même votre incomparable beauté, la souffrance que vous imposez sans remords à toutes mes aspirations d’homme honnête et laborieux, l’abandon de toutes choses autour de nous…, à commencer par notre plus cher trésor, par notre enfant, que vous dé-