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VIII


Quand Valvèdre et Obernay se furent éloignés et que je ne les entendis plus, je me retournai vers Alida, qui s’était toujours tenue derrière moi ; je la vis à genoux sur le gazon, livide, les yeux fixes, les bras roides, évanouie, presque morte, comme le jour où je l’avais trouvée dans l’église. Les dernières paroles de Valvèdre, que dix fois j’avais été sur le point d’interrompre, m’avaient rendu mon énergie. Je portai Alida dans le casino, et, en dépit des révélations qui m’avaient brisé un instant, je la secourus et la consolai avec tendresse.

— Eh bien, le gant est jeté, lui dis-je quand elle fut en état de m’entendre, c’est à nous de le ramasser ! Ce grand philosophe nous a tracé notre devoir, il me sera doux de le remplir. Écrivons-lui tout de suite nos intentions.

— Quelles intentions ? quoi ? répondit-elle d’un air égaré.

— N’as-tu pas compris, n’as-tu pas entendu M. de Valvèdre ? Il t’a mise au défi d’être sincère, et moi, il m’a refusé la force d’être dévoué : montrons-lui que nous nous aimons plus sérieusement qu’il ne pense. Permets-moi de lui prouver que je me crois plus ca-