Page:Sand - Valvèdre.djvu/295

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offrent leurs plus affectueux compliments, et Rosa veut que je vous dise qu’elle a bien soin du gros myrte que vous aimez, et dont elle veut mettre une fleur dans ma lettre avec un baiser pour vous. »

— Quelle confiance en mon retour ! dit Alida quand j’eus fini de lire, et quel contraste entre les préoccupations de cette heureuse enfant et les éclairs de notre Sinaï ! Eh bien, qu’as-tu, toi ? manques-tu de courage ? Ne vois-tu pas que plus il m’en faut, plus il m’en vient ? Tu dois trouver que j’ai été bien injuste envers mon mari, envers la sœur aînée et envers cette innocente Adélaïde ! Trouve, va ! tu ne me feras pas plus de reproches que je ne m’en fais ! J’ai douté de ces cœurs excellents et purs, je les ai niés pour m’étourdir sur le crime de mon amour ! Eh bien, à présent que j’ouvre les yeux et que je vois quels amis je t’ai sacrifiés, je me réconcilie avec ma faute, et je me relève de mon humiliation. Je suis contente de me dire que tu ne m’as pas ramassée comme un oiseau chassé du nid et jugé indigne d’y reprendre sa place. Tu n’en as pas moins eu tout le mérite de la pitié, et tu as trouvé dans ton cœur généreux la force de me recueillir, un jour que je me croyais avilie et que tu m’avais vu fouler aux pieds. Mais, aujourd’hui, voilà Valvèdre qui se rétracte et qui m’appelle, voilà Juste qui me tend les bras en s’agenouillant devant moi, et la douce Adélaïde qui me montre mes enfants en me disant qu’ils m’attendent et me pleurent ! Je