Page:Sand - Valvèdre.djvu/326

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tour à tour avec une expression de terreur désespérée, elle ajouta :

— Vous êtes ainsi devant moi pour que je meure en paix ; mais à peine serai-je sous le suaire, que vous vous vous battrez !

— Non ! répondis-je avec force, cela ne sera pas, je le jure !

— Je vous entends, monsieur, dit Valvèdre, et je connais vos intentions. Vous m’offrirez votre vie, et vous ne la défendrez pas. Vous voyez bien, ajouta-t-il en s’adressant à sa femme, que nous ne pouvons pas nous battre. Rassurez-vous, ma fille, je ne ferai jamais rien de lâche. Je vous ai donné ma parole, ici, tout à l’heure, de ne pas me venger de celui qui s’est dévoué à vous corps et âme dans ces amères épreuves, et je n’ai pas deux paroles.

— Je suis tranquille, répondit Alida en portant à ses lèvres la main de son mari. Oh ! mon Dieu ! vous m’avez donc pardonné !… Il n’y a que mes enfants… mes enfants que j’ai négligés…, abandonnés…, mal aimés pendant que j’étais avec eux…, et qui ne recevront pas mon dernier baiser… Chers enfants ! pauvre Paul ! Ah ! Valvèdre, n’est-ce pas que c’est une grande expiation et qu’à cause de cela tout me sera pardonné ? Si vous saviez comme je les ai adorés, pleurés ! comme mon pauvre cœur inconséquent s’est déchiré dans l’absence ! comme j’ai compris que le sacrifice était au-dessus de mes forces, et comme Paul, celui qui me rendait triste, qui me faisait peur, que je