Page:Sand - Valvèdre.djvu/333

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venait de l’enterrement de la dame, et, veuf depuis quelques semaines, il avait senti se rouvrir devant ces funérailles la blessure de son propre cœur. Il était anéanti.

Je délirai toute la nuit. Au matin, ne sachant où j’étais, j’essayai de me lever. Je crus avoir une nouvelle vision après toutes celles qui venaient de m’assiéger. Obernay était assis près de la table d’où je lui avais écrit la veille ; il lisait ma lettre. Sa figure assombrie témoignait d’une profonde pitié.

Il se retourna, vint à moi, me fit recoucher, m’ordonna de me taire, fit appeler un médecin, et me soigna pendant plusieurs jours avec une bonté extrême. Je fus très-mal, sans avoir conscience de rien. J’étais épuisé par une année d’agitations dévorantes et par les atroces douleurs des derniers mois, douleurs sans épanchement, sans relâche et sans espoir.

Quand je fus hors de danger et qu’il me fut permis de parler et de comprendre, Obernay m’apprit que, prévenu par une lettre de Valvèdre, il était venu avec sa femme, sa belle-sœur et les deux enfants d’Alida assister aux funérailles. Toute la famille était repartie ; lui seul était resté, devinant que je devais être là, me cherchant partout, et me découvrant enfin aux prises avec une maladie des plus graves.

— J’ai lu ta lettre, ajouta-t-il. Je suis aussi content de toi que je peux l’être après ce qui s’est passé. Il faut persévérer et reconquérir, non pas mon amitié,