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X


Sept ans me séparaient déjà de cette terrible époque de ma vie quand je revis Obernay. J’étais dans l’industrie. Employé par une compagnie, je surveillais d’importants travaux métallurgiques. J’avais appris mon état en commençant par le plus dur, l’état manuel. Henri me trouva près de Lyon, au milieu des ouvriers, noirci, comme eux, par les émanations de l’antre du travail. Il eut quelque peine à me reconnaître ; mais je sentis à son étreinte que son cœur d’autrefois m’était rendu. Lui n’était pas changé. Il avait toujours ses fortes épaules, sa ceinture dégagée, son teint frais et son œil limpide.

— Mon ami, me dit-il quand nous fûmes seuls, tu sauras que c’est le hasard d’une excursion qui m’amène vers toi. Je voyage en famille depuis un mois, et maintenant je retourne à Genève ; mais, sans la circonstance du voyage, je t’aurais rejoint, n’importe où, un peu plus tard, à l’automne. Je savais que tu étais au bout de ton expiation, et il me tardait de t’embrasser. J’ai reçu ta dernière lettre, qui m’a fait grand bien ; mais je n’avais pas besoin de cela pour savoir tout ce qui te concerne. Je ne t’ai pas perdu de vue depuis sept ans. Tu n’as voulu recevoir de moi aucun