Page:Sand - Valvèdre.djvu/44

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douce ; madame de Valvèdre et moi, sa belle-sœur, nous vous en savons gré.

Mademoiselle de Valvèdre m’adressa ce doux remerciement en passant devant moi pour suivre sa belle-sœur, qui s’était déjà remise en marche. Je suivis des yeux le plus longtemps possible la surprenante apparition. Madame de Valvèdre se retourna, et, dans ce mouvement, je vis son visage tout entier. C’était donc là cette femme qui avait tant piqué ma curiosité, grâce aux réticences dédaigneuses d’Obernay ! Elle ne me plaisait point. Elle me paraissait maigre et colorée, deux choses qui jurent ensemble. Son regard était dur et sa voix aussi, ses manières brusques et nerveuses. Ce n’était pas là un type que j’eusse jamais rêvé ; mais comme, en revanche, mademoiselle de Valvèdre me semblait douce et d’une grâce sympathique ! D’où vient qu’Obernay ne m’avait point dit que son ami eût une sœur ? L’ignorait-il ? ou bien était-il amoureux d’elle et jaloux de son secret au point de ne vouloir pas seulement laisser deviner l’existence de la personne aimée ?

Je doublai le pas, et j’arrivai au hameau peu d’instants après les voyageuses. Madame de Valvèdre était déjà devenue invisible ; mais sa belle-sœur errait encore par les escaliers, s’enquérant de toutes choses relatives à l’excursion de son frère. Dès qu’elle me vit, elle me questionna d’un air de confiance en me demandant si je ne connaissais pas Henri Obernay.